Sayal Studio | Les nouveaux bricoleurs du web à Bruxelles.

Sayal Studio | Les nouveaux bricoleurs du web à Bruxelles.

Aujourd’hui, dans une société dominée par le numérique, les nouvelles technologies ont donnés naissance à de nouvelles pratiques sociales donnant ainsi une capacité d’action, de transformation aux individus. Désormais, règne chez l’individu, un désir de signifier son existence en participant activement à la production de « manifestes ». Le concept d’ « empowerment », tend à défendre  l’idée selon laquelle un individu demeure libre dans sa capacité à transformer le monde. Devenus des contributeurs invétérés dans notre écosystème, nous souhaitons majoritairement donner un sens à notre vie en essayant de concevoir des objets toujours plus innovants ayant de ce fait, un réel potentiel transformateur. Comment mettons nous à contribution pour créer des objets innovants ? Le concept d’ « empowerment » traduit t-il un désengagement voir même un refus des  normes  établies ? S’agit t-il simplement de parfaire ou au contraire refaire un monde ?

En effet, ces questionnements traduisent l’initiative de créer un monde meilleur, perfectible qu’il sera possible de reprendre en main sans en subir les conséquences…

Le concept d’ « empowerment » a suscité l’émergence de puissants mouvements agissant collectivement à la diffusion de manifestes dans le monde et plus particulièrement à travers internet. Les nouveaux artisans de l’ère numérique autrement appelés « Makers » ou encore bricoleurs du 21ème siècle (ex : Fablabs, Hackathons, Barcamps etc…) affichent une passion grandissante pour l’objet innovant, créatif et son devenir. Leur vision, réside dans l’ouverture des champs des possibles en conservant un intérêt pour la collaboration avec les différents acteurs de l’écosystème. Seuls ou le plus souvent ensemble, les « Makers » expriment leurs volonté émancipatrice en redéfinissant leur conception de la société. Désormais, il n’est plus question de se soumettre au paradigme de la société industrielle et de la consommation mais au contraire, pouvoir admettre un idéal de vie dans lequel chaque individu « invente, transforme, personnalise, répare, produit et reproduit » des objets dont il éprouve le besoin et estime viables pour la communauté. Cette vision éthique du concept d’ « empowerment » évoque le plaisir qu’ont les individus à fabriquer eux-même leurs objets. Il se construit une véritable relation entre l’objet et son inventeur. Le « Maker » possède l’objet qu’il conçoit. Il en est son créateur absolu. Les idées qu’il peut apporter à l’objet innovant sont le fruit de sa réflexion et de son engagement actif. Ainsi, les « Makers » conservent un réel pouvoir sur les objets tout au long de leur cycle de vie.

Plusieurs manifestes de « Makers » comme par exemple, le Crafter Manifesto, le Owner’s Manifesto, le Repair Manifesto etc… aspirent à l’autonomie et l’accomplissement personnel. « La plupart de ces manifestes affirment la valeur en soi de l’acte de “faire”, qu’il s’agisse de créer, de bricoler, de réparer. » Cette dimension « individualiste » caractéristique chez les « Makers », tente de démontrer tout l’enjeu du concept d « empowerment » à savoir, cette volonté de se réapproprier le monde en s’émancipant par les objets (« faire c’est comprendre », « faire c’est apprendre », « faire c’est posséder », « faire c’est s’exprimer », « faire c’est reprendre le pouvoir »).

Cependant,  au-delà  de  la  dimension   individualiste  des  « Makers » ,  se  cache  des  valeurs plus « humanistes » mettant l’objet au centre de préoccupations écologiques, sociales, économiques, voire morales. Dans « Le Cult of Done Manifesto » de Bre Pettis (fondateur de Makerbot) et Kio Stark (enseignante et auteur), “avoir fait quelque chose, ce n’est pas avoir terminé, mais pouvoir faire autre chose.” Le concept d’ « empowerment » contribue ainsi à la réflexion et la prise d’initiatives du « Maker » concernant des conditions de vie qui lui paraissent inadéquates, inappropriées ou même insupportables (ex : faire, face à la crise, faire, pour la planète, faire ensemble, faire une nouvelle croissance). Ces enjeux (écologiques, sociaux, économiques, moraux) génèrent autant de contestations chez les « Makers » qu’ils mettent à profit collectivement l’ensemble de leurs compétences créatives pour résoudre les problèmes du monde. Ainsi, quel(s) rôle(s), fonction(s) prétend le « Maker » ? Participe t-il à l’harmonisation et au bien être de ce monde ?

R.B

Sayal  Team

 

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